SNOWBOUND SUPERCARS
April 2, 2024- Text and Photos : David Marvier / Scroll down for English version
SNOWBOUND-SUPERCARS
Quand on pense aux supercars, quelle image nous vient
spontanément à l’esprit ? Une balade sur la Promenade des Anglais à Nice ? Le
glamour d’une marina monégasque ? En tout cas, pas vraiment l’ascension d’une
route verglacée en montagne, enveloppé d’un brouillard à couper au
couteau !
C’est pourtant bien l’idée qui m’est tout de suite venue
lorsque Julien m’a annoncé avec fierté son récent achat : une superbe F355 GTB Berlinetta,
livrée noire, intérieur gris clair, boîte méca, 380 chevaux compactés dans un
moteur de 3,5 l. Du beau travail. Et ces lignes, ces poignées de portes
camouflées… vraiment, on adore ! Une vraie pièce de designer.
Sortie des usines de Maranello en 1995, la belle a peu roulé
et a été fort bien entretenue par les précédents propriétaires. Son V8, bien
calé dans son berceau derrière nos oreilles, fonctionne à merveille et nous
régale d’une sonorité envoûtante, à faire pâlir le meilleur des compositeurs
classiques. Une symphonie, m’sieurs dames ! Alors, je m’écrie : « Viens, on va la mettre dans la neige !
Profitons-en, il fait mauvais vendredi ! » Il rit et valide.
On avait donc comme projet d’aller dans les Pyrénées, visiter
son chalet situé dans la jolie station de ski de La Pierre Saint-Martin, la
plus à l’ouest de la chaîne. Là-bas, la nature prime avant tout. La vue sur
l’Espagne, le Béarn et le Pays Basque est à couper le souffle.
Quand il fait vraiment clair, les anciens disent qu’on voit
l’océan (je crois que c’est vrai !).
Bon, évidemment, le brouillard épais, mystique, enveloppe
tout dans son linceul de silence et de blanc. C’est magnifique, mais on
repassera pour la vue.
C’est ce que j’aime en montagne. Au même endroit, selon la
météo, les sensations et les paysages peuvent varier considérablement. On passe
d’un extrême à l’autre, parfois en un clin d’œil, de l’image d’Épinal de
l’alpage fleuri et ensoleillé aux pentes de neige et de glace, balayées par des
vents violents, potentiellement hostiles.
Pour la petite histoire, Julien et sa femme Caroline sont
des constructeurs de maisons et de chalets d’exception. Des lieux en parfaite
harmonie avec la nature, conçus à partir de matériaux nobles et respectueux de
l’environnement. Ils travaillent toujours en collaboration avec de la main-d’œuvre
locale, de l’architecte aux charpentiers en passant par les maçons. Le résultat
est sans équivoque, on s’y sent incroyablement bien, et l’envie d’y rester est
irrépressible. Qui n’aurait pas envie de profiter de ce sauna avec vue
plongeante sur la vallée aux arbres givrés ? Leur archi, un jeune gars
d’Hossegor, a vraiment bien bossé !
D’ailleurs, j’invite les curieux à se rincer l’œil sur leur
compte insta @lesmaisonsescapia, pour rêver encore un peu.
Le temps d’organiser cette virée, Julien a discuté avec ses
potes… qui, heureux propriétaires de jolis bolides, ont tout de suite voulu se
joindre à nous. Et voilà donc Simon Duchassin, le trublion de la côte basque,
patron de la société Cobalt Automobiles. Simon, c’est un passionné, un
vrai ! Et ça se voit dès la première poignée de main ! Énergique et
accompagnée d’un franc sourire. Fin connaisseur, il vend, importe, restaure et
transporte des voitures d’exception pour des clients qui ne visent que l’excellence
pour leur précieuse mécanique et qui souhaitent prendre la route en toute sérénité.
Simon, c’est la référence dans le monde de l’automobile haut de gamme de la
région doublé d’un pilote émérite. Et, fidèle à sa réputation, le voilà qui
déboule au volant d’une splendide Porsche 718 GT4 Club Sport. Un modèle tout
récent, compact, discret tout de même, qui semble bourré d’énergie. Propulsé
par un moteur 4 litres générant quelques sauvages 420 chevaux, la machine ne
demande qu’un(e) pilote expérimenté(e) pour partir à l’assaut des courbes. Et
avec les mains de Simon sur son volant, elle semble rugir de plaisir !
Quel pied de la voir glisser à chaque virage, tout en contrebraquage. La
réputation du pilote est aussitôt vérifiée.
Notre troisième compère, que l’on rejoint le matin du shoot
dans son garage, nous accueille à grands coups de café et de galette. C’est
l’heure des rois. Tradition oblige. Mais attention, nous ne sommes pas dans n’importe
quel sombre bouclard, mais dans un authentique temple de la restauration de la
marque italienne au cheval cabré. Xabi Le Gall, jeune entrepreneur de 35 ans,
possède une carrosserie, un garage mécanique “tout venant” et ce garage
spécialisé dans les Ferrari. Il a d’ailleurs restauré la F355 de Julien, en
peinture.
De la belle ancienne capricieuse à la récente toujours en
quête de performance, les engins s’entassent dangereusement et je comprends
quand il me parle de son manque de place !
Sa passion l’entraîne loin. Il est d’ailleurs, lui aussi en
train de travailler sur un nouveau projet un peu fou… Entre nous, le courant
passe tout de suite. Il me présente son mécano, un puits de science quand on
parle Ferrari. Il est à l’aise sur tous les modèles de la marque depuis plus de
trente ans. Rapidement, Xabi, n’y tenant plus, me présente son trésor :
une splendide Scuderia F430, toute de carbone vêtu. Quel monstre ! L’intérieur
est digne d’un engin de course : volant style F1, palettes au volant,
sièges baquets carbone, gros harnais. Une fois entré (péniblement) dans les
entrailles de la machine, on ne bouge plus. Ton téléphone tombe à tes
pieds ? Et bien, il y reste ! Les sensations sont semblables à celles
que j’ai pu ressentir quand je parcourrai le pays au guidon de ma Yamaha R1.
Incroyable monstre de puissance, l’auto est collée à la route, le châssis est
vraiment un monument d’ingénierie et la sonorité digne d’un F-16 en pleine
accélération. Les poils se hérissent à chaque accel’.
Démoniaque ! Je suis amoureux je crois. Cette
remplaçante de la 350 Modena est propulsée par un moteur de 4,3 l de presque
500 chevaux qui lui font aisément dépasser les 300 km/h (ce que nous n’avons
pas tenté bien entendu). Bref, une véritable expérience.
Et on grimpe. La route s’élève en altitude, enchaînant lacets
et épingles. De la neige soupoudre les bas-côtés puis se transforme en épaisse
couche de meringue. Il neige à gros flocons.
Le bitume devient patinoire. Le verglas s’invite. On atteint
la zone glaciaire, but de l’expédition.
Le brouillard nous enveloppe, çà et là quelques sommets se
dévoilent furtivement, disparaissent aussi vite. La forêt, glacée, envahie d’ombres
et de nuages, semble si mystérieuse.
Quelle ambiance !
À chaque pause, j’en profite pour changer d’équipage et me
ravis de sentir les différences et de noter les points communs de ces machines
hors normes. Sur un parking vide, les garçons s’en donnent à cœur joie, faisant
glisser leurs jouets sur le macadam givré en quelques donuts maîtrisés. Le
moulin de la Scuderia hurle littéralement.
Vient la pause déj où bien sûr on parle bagnole, on écoute
les histoires croustillantes de Simon, on déguste une taloa, spécialité bien
basque. C’est une gourmande galette de maïs garnie de ventrèche, de poivrons,
d’oignons et bien sûr d’Ossau Iraty le tout épicé… de piment d’Espelette. Ici,
on ne badine pas avec les traditions !
Puis vient le moment de redescendre vers la civilisation. La
température chute rapidement, en harmonie avec la lumière blafarde du jour. Le
sol se cristallise dangereusement et les pilotes, privilégiant la sécurité,
décident de ne pas attendre l’apparition d’un véritable verglas. Celui-ci, à
l’embuscade, tapis à l’intérieur d’une courbe, pourrait te précipiter sans le
moindre état d’âme dans le premier ravin venu avec ton beau carrosse.
La descente, comme souvent en montagne, est généralement la
partie la plus périlleuse, comme le soulignait très justement en 1953 le
premier homme sur l’Everest, Sir Edmund Hillary :
« Le sommet n’est que la moitié du voyage ».
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SNOWBOUND
SUPERCARS
When we
think of supercars, what image comes to mind? A leisurely drive along the
Promenade des Anglais in Nice? The glamour of a Monaco marina? Certainly not
the ascent of an icy mountain road, enveloped in thick fog!
Text and
photos by David Marvier
Yet that’s
precisely the idea that immediately came to mind when Julien proudly announced
his recent purchase to me: a stunning F355 GTB Berlinetta, delivered in black,
with a light gray interior, manual gearbox, 380 horsepower packed into a
3.5-liter engine. Beautiful craftsmanship. And those lines, those concealed
door handles… truly, we adore it! A genuine piece of designer art.
Emerging
from the Maranello factories in 1995, this beauty has seen little use and has
been well maintained by its previous owners. Its V8, snugly nestled behind our
ears, purrs marvelously and delights us with an enchanting sound, enough to
make the finest classical composers pale in comparison. A symphony, ladies and
gentlemen! So, I exclaimed, “Let’s take it out in the snow! Let’s make the
most of the bad weather on Friday!” He chuckled and agreed.
Our plan
was to head to the Pyrenees, to visit his chalet located in the charming ski
resort of La Pierre Saint-Martin, the westernmost in the chain. There, nature
reigns supreme. The view of Spain, Béarn, and the Basque Country is
breathtaking.
When it’s
really clear, the locals say you can see the ocean (I think that’s true!).
Well,
obviously, the thick, mystical fog envelops everything in its shroud of silence
and white. It’s magnificent, but we’ll have to come back for the view.
That’s what
I love about the mountains. In the same spot, depending on the weather,
sensations and landscapes can vary considerably. You go from one extreme to the
other, sometimes in the blink of an eye, from the picturesque image of a
sun-drenched, flower-filled alpine meadow to slopes of snow and ice, swept by
fierce winds, potentially hostile.
For the
record, Julien and his wife Caroline are builders of exceptional houses and
chalets. Places perfectly in harmony with nature, designed from noble and
environmentally friendly materials. They always work in collaboration with
local labor, from architects to carpenters to masons. The result is
unequivocal; you feel incredibly comfortable there, and the desire to stay is
irresistible. Who wouldn’t want to enjoy this sauna with a breathtaking view of
the valley with frosted trees? Their architect, a young guy from Hossegor,
really did a great job!
By the way,
I invite the curious to feast their eyes on their Instagram account
@lesmaisonsescapia, to dream a little more.
While
organizing this trip, Julien talked to his buddies… who, as happy owners of
beautiful cars, immediately wanted to join us. And so here comes Simon
Duchassin, the troublemaker from the Basque coast, the boss of Cobalt
Automobiles. Simon is a passionate, through and through! And you can see it
from the first handshake! Energetic and accompanied by a genuine smile. A
connoisseur, he sells, imports, restores, and transports exceptional cars for
clients who aim only for excellence for their precious machinery and who wish
to hit the road with complete serenity. Simon is the reference in the high-end
automobile world of the region, coupled with being an accomplished pilot. And,
true to his reputation, here he comes behind the wheel of a splendid Porsche 718
GT4 Club Sport. A brand new model, compact, discreet nonetheless, bursting with
energy. Powered by a 4-liter engine generating some wild 420 horsepower, the
machine only requires an experienced driver to tackle the curves. And with
Simon’s hands on the wheel, it seems to roar with pleasure! What a thrill to
see it slide at every turn, with precise countersteering. The pilot’s
reputation is immediately confirmed.
Our third
companion, whom we join on the morning of the shoot in his garage, welcomes us
with plenty of coffee and cake. It’s king cake time. Tradition obliges. But
mind you, we’re not in any dark garage, but in an authentic temple of Ferrari
restoration. Xabi Le Gall, a 35-year-old young entrepreneur, owns a body shop,
a general mechanical garage, and this garage specialized in Ferraris. He
actually restored Julien’s F355, in terms of painting.
From the
beautiful old classics to the recent ones always in pursuit of performance, the
vehicles pile up dangerously, and I understand when he talks about his lack of
space! His passion takes him far. He’s also working on a new slightly crazy
project… Between us, we hit it off immediately. He introduces me to his
mechanic, a fountain of knowledge when it comes to Ferraris. He’s comfortable
with all models of the brand for over thirty years. Quickly, Xabi, unable to
contain himself, presents me with his treasure: a splendid Scuderia F430, clad
entirely in carbon. What a monster! The interior is worthy of a racing machine:
F1-style steering wheel, paddle shifters, carbon bucket seats, heavy harnesses.
Once you’ve (struggled) to get inside the bowels of the machine, you don’t move
anymore. Your phone falls at your feet? Well, it stays there! The sensations
are similar to those I felt when touring the country on my Yamaha R1. An
incredible powerhouse, the car sticks to the road, the chassis is truly an engineering
marvel, and the sound is reminiscent of an F-16 in full acceleration.
Goosebumps rise with every acceleration. Diabolical! I think I’m in love. This
successor to the 350 Modena is powered by a 4.3-liter engine of almost 500
horsepower, which easily exceeds 300 km/h (which we didn’t attempt, of course).
In short, a true experience.
And we
climb. The road rises in altitude, winding through hairpin bends and
switchbacks. Snow sprinkles the sides then turns into a thick layer of
meringue. Snowflakes fall heavily. The asphalt becomes an ice rink. Black ice
invites itself. We reach the icy zone, the goal of the expedition. The fog
envelops us, and here and there, some peaks briefly reveal themselves, then
vanish just as quickly. The forest, frozen, invaded by shadows and clouds,
seems so mysterious. What an atmosphere!
At each
break, I take the opportunity to switch crews and delight in feeling the
differences and noting the common points of these extraordinary machines. In an
empty parking lot, the boys have fun, sliding their toys on the frosted tarmac
in a few well-controlled donuts. The Scuderia’s engine literally screams.
Then comes
lunch break where, of course, we talk cars, listen to Simon’s juicy stories,
and savor a taloa, a Basque specialty. It’s a hearty cornmeal cake filled with
bacon, peppers, onions, and of course, Ossau Iraty cheese, all spiced up…
with Espelette pepper. Here, we don’t joke about traditions!
Then comes
the moment to descend back towards civilization. The temperature drops rapidly,
in harmony with the dim daylight. The ground dangerously crystallizes, and the
pilots, prioritizing safety, decide not to wait for the appearance of real
black ice. This, lying in ambush, lurking within a curve, could easily send you
and your beautiful car careening into the nearest ravine without a second
thought.
The
descent, as often in the mountains, is generally the most perilous part, as
rightly pointed out in 1953 by the first man on Everest, Sir Edmund Hillary:
“The summit is only half the journey.”