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SANDRAIDERS


(text in French, then English, please scroll down if you’re interested)

Sandraiders 2023

Encore une fois, je suis parti explorer les pistes du Maroc, avec une bande de potes, certains rencontrés lors d’éditions précédentes, d’autres issus de la sphère moto en Europe. Tous animés par la même passion, bourrés d’énergie et de bienveillance.

Il y a Yannick, le champion de VTT ancien de chez Red Bull, Julien, « l’Américain », Stephan, le pilote émérite, passionné de XR et de tout-terrain, Julien le mécano 4X4, Vianney le mec pointu, Jean le poète, Vahan le rugbyman hypersolide et Matéo, l’éternel ado.

C’est une petite bande dans la grande bande des 120 pilotes qui prendront le départ de Marrakech direction Erfoud, en 7 longues étapes, ce matin du 29 mai 2023.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le Sandraiders c’est un raid « Dakar Revival » issu des mythiques années de Thierry Sabine.

On nage en plein dans les années 80.

Tenues, motos, esprit.

On recrée, le temps d’une grosse semaine, un vrai raid africain de l’époque avec des motos « period correct » uniquement. Du XR 600 à la XLM en passant par le fameux Dominator ou encore les Suzuki DRZ. On remarque que d’année en année, les participants se prennent de plus en plus au jeu et que le paddock s’étoffe de machines toujours plus superbement préparées.

L’organisation, Soloraids, dirigée par Pep Segura un ancien pilote de rallye Catalan, s’occupe de la logistique, de la sécurité et de la route, pour offrir une véritable expérience de rallye-raid immersive.

Lui et son équipe toujours très déterminée, récupère les motos de chacun en Europe quelques semaines avant le départ. Ils gèrent ainsi la longue route jusqu’au point de départ et les pénibles formalités douanières. Le client n’a plus qu’à prendre un vol sans bagage et récupère sa monture et sa malle de matériel en arrivant à l’hôtel.

Les hôtels sont bien sur inclus dans le package global. Ce sont des établissements de grande taille pouvant accepter l’énorme team ainsi que les nombreux véhicules. On passe à côté du charme des petits logements familiaux, souvent très anciens, traditionnels et vraiment authentiques. Mais les 120 pilotes ajoutés à la trentaine de membres du staff demandent une sérieuse capacité d’accueil. En plus des 120 motos, on doit pouvoir garer deux buggys, les 4X4 d’assistance, les 4X4 des médecins, un poids-lourd et les deux énormes camions d’assistance raid, rouges écarlate et montés sur des roues énormes.

L’un d’eux est notamment destiné à se transformer en garage mécanique le soir en arrivant à la fin de l’étape. Les deux pans latéraux de sa remorque s’ouvrent, permettant ainsi d’installer un garage mécanique mobile et éphémère. Le groupe électrogène fourni l’énergie nécessaire pour alimenter poste à souder, éclairages et autres outils électriques.

La mécanique est une partie importante du voyage. A la fin de chaque étape, le pilote se doit de prendre soin de sa moto, de vérifier les éléments essentiels, comme le nettoyage du filtre à air et l’appoint d’huile moteur, mais aussi de gérer des problèmes plus importants qui pourraient subvenir.

A cette fin, une vraie team de mécaniciens est à disposition afin d’aider les personnes qui ont détecté les problèmes les plus graves. Tout ce petit monde est dirigé par un personnage haut en couleurs, grand pratiquant d’escalade en montagne, mécanicien sur le Dakar, j’ai nommé Pelut. Je vous invite à suivre ses aventures sur Instagram : @pelutwall

Sans jamais s’avouer vaincus, ils sont capables de démonter entièrement une grosse Africa-Twin afin de la remettre en état de marche et travailler sans relâche jusque tard dans la nuit, pour que le pilote puisse repartir le lendemain à l’assaut des pistes. On peut vraiment leur rendre hommage, car très vite, l’équipe est débordée. Dès le premier jour, les vieilles machines souffrent sur les pistes chaotiques et la liste des réparations diverses et variées s’allonge de manière exponentielle.

Le premier jour sera composé d’une longue étape entre Marrakech et Taroudant, à travers la chaine montagneuse de l’Atlas et ses magnifiques paysages arides, ses routes vertigineuses, ses villages isolés. On s’arrête avec mon ami Julien « L’Américain » pour se détendre un peu et faire refroidir les machines, dans un petit village perdu, construit de briques de terre rouge. On y rencontre une joyeuse bande de gamins sortant de l’école. Ils montent sur les motos, essaient casques et lunettes. Ils ne parlent pas français donc la communication est réduite mais nous passons un moment extra en leur compagnie. Nos copains nous rejoignent, il est l’heure de prendre congé et de gratifier les mômes d’un beau wheeling de Stephan en guise d’adieu !

Ils sont aux anges !

Le lendemain, c’est reparti pour la montagne et ses routes de cailloux et de poussière. Les points de vue sont tous plus incroyables les uns que les autres. J’ai envie de m’arrêter toutes les deux minutes pour faire une photo. Mais il faut garder le rythme tout de même si je veux arriver avant la nuit ! Ici il y a plusieurs façons de faire quant à la manière de mener son aventure. Certains groupes partent tôt et arrivent tôt à l’hôtel. Nous on décolle dans les premiers et on arrive bons derniers, profitant des pistes au maximum, des jolis cafés de bord de route, de l’incontournable thé à la menthe, de côtelettes de mouton grillées et de succulents tagines. J’en profite aussi pour shooter les autres participants en action, capturer des portraits, discuter avec les uns et les autres… filer un coup de main si nécessaire.

En passant devant une grosse structure de béton, Yannick Granieri, notre légende du VTT, ne peut s’empêcher de vouloir sauter par-dessus. Challenge immédiatement relevé par Stephan, pilote tout-terrain accompli et excellent trialiste. En résulte une session photo improvisée et de jolies cascades parfaitement maitrisées. On repart.

On commence à descendre de l’autre côté de la chaine de l’Atlas et la température remonte aussitôt à mesure que l’altitude se réduit. On était bien là-haut et dorénavant, ce sera sous 40°c minimum que nous continuerons notre périple.

Arrêt station essence improvisée. Dans cette région reculée, il n’y a pas ou très peu de stations construites, alors des locaux s’occupent de l’approvisionnement à la sortie d’un village. Le prix est en fonction de la rareté mais nous n’avons pas le choix si nous voulons rejoindre Tissint et le bivouac de tentes berbères qui nous attend.

La matinée suivante de déroule sans encombre dans un paysage assez plat et monotone, composé de petits cailloux et de terre rouge sablonneuse. Il faut garder l’esprit vif malgré tout, car des pièges dangereux sont disséminés un peu partout. Une grosse pierre ici, une cassure profonde et épaisse là, un troupeau de dromadaires nonchalant, un véhicule en contre-sens… Bref, un maximum d’obstacles à éviter si l’on veut terminer et rentrer en bonne santé !

En fin de matinée, nous sommes sous une soudaine tempête de sable. Des vents violents déplacent des tonnes et des tonnes de sable, cinglant le visage, s’infiltrant partout, asséchant les lèvres.

Les choses se compliquent donc assez vite. La route est moins évidente à suivre, les pièges mieux cachés. Le groupe doit se resserrer et être attentif les uns aux autres. On commence à apercevoir les premiers sables du Sahara.

Très vite, ce ne sera que sable sous différentes formes. Du rigide, du très mou, en l’air comme par terre. Au pilote de bien repérer sa trace et d’appréhender le terrain correctement s’il veut éviter les mauvaises surprises.

Et encore un arrêt station essence improvisée pour finalement une arrivée rassérénante au bivouac.

Après une bonne nuit de sommeil réparatrice et un solide petit déj, voici notre petite équipe prête pour une belle journée sportive sous un soleil de plomb. On jette les sacs dans les camions, un coup de kick ou de démarreur pour les malins et c’est parti !

Ici, peu d’ombre, peu de fraicheur. Il faut donc penser à s’hydrater un maximum et à faire attention aux petits détails qui changent tout.

La semaine dernière, un pilote du nord de l’Europe est décédé sur le lac Iriki, des suites de déshydratation, tout seul à l’ombre de sa moto, pendant une course. La nouvelle marque les esprits et les membres de l’organisation nous interpellent à ce sujet pendant le briefing matinal.

Un mot clef : « Hydratez-vous ! »

Je dois engloutir entre 5 et 6 litres d’eau pendant la journée. J’enlève très peu mon casque pour garder un maximum l’humidité de ma transpiration, je me mets à l’ombre un maximum quand je m’arrête et évite de trop gesticuler. Mais bon, il me faut bien prendre des photos quand même ! On fait une pause déjeuner dans un lieu que j’ai déjà visité un paquet de fois. C’est un petit restaurant planté au milieu d’une zone franchement peu accueillante, de sable et de soleil torride tout au long de l’année. L’intérieur est très sombre, car seules de minuscules fenêtres laissent entrer un peu de lumière. Il y fait extrêmement chaud mais nous y sommes tout de même protégés des rayons mordants du soleil. Certains se reposent dehors sur la terrasse couverte. Les visages sont marqués par la fatigue et la chaleur.

Après un bon repas, servi très chaud, il faudra bien repartir !

Et courageusement, nous grimpons sur nos machines.

La piscine de l’hôtel nous attend les bras ouverts ! Avec délectation, nous y plongeons nos corps fatigués puis remontons sur nos motos à la recherche d’un atelier de soudure pour la moto de « L’Américain » qui, fidèle à ses habitudes, a besoin d’un peu d’amour. Dans le village, nous rencontrons une joyeuse bande de jeunes qui essaient nos motos pour leur plus grand plaisir !

La cinquième étape nous fera quitter le sable pour rejoindre de nouveau un terrain plus caillouteux. On a l’impression de rouler dans un monde sans forme ni fin. Le ciel est encore jaune de tempête de sable. On ne distingue pas vraiment la limite entre ciel et terre. La température reste comme toujours très élevée. Je roule beaucoup tout seul cette journée-là, suivant mon Tripy, sorte de Roadbook électronique. Je m’arrête de temps en temps faire des images, essayant de capturer ce paysage où tout semble si lointain, si gigantesque.

Jour 06, c’est l’étape marathon. Pep, l’organisateur, propose deux variantes. Une étape de 250 km et une de 380 km. Évidemment nous prenons la deuxième option ! On n’est pas venu ici pour se la jouer facile tout de même ! Et puis, une étape de l’ancien « Paris-Dakar », ça ne se refuse pas !

Dès les premiers kilomètres, on se perd et on se retrouve séparés en deux groupes. La poussière est telle qu’on ne voit pas à 3 mètres ! Et les deux devants sont de sacrés pilotes, rapides et endurants. Une fois séparés, c’est trop tard ! Il faut avancer. Pas d’inquiétude cependant, car les motos sont toutes équipées de balises géolocalisées permettant à l’organisation de nous localiser en permanence. Un bouton permet aussi au pilote d’appeler médecins ou mécaniciens selon les besoins (par signal uniquement – pas de communication orale possible).

Bref, ici les courbes montagneuses sont superbes. Les canyons grandioses. On a bien fait de partir à l’aube pour profiter de cette lumière magique et d’une relative fraicheur.

Vers midi, on déboule sur un grand plateau battu par les vents. Le fameux Lac Iriki. Grand espace de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Hostile et magnifique.

On s’arrête faire des photos sur une crête, avec Yannick et les deux Juliens. Le spot est invraisemblable. Là encore, la sensation de rouler sur une autre planète m’assaille. Je suis sur Mars !!

En reprenant la piste, une sérieuse tempête de sable s’abat de nouveau sur notre petit groupe. Voilà un moment que nous n’avons croisé personne. Nous déjeunons dans une auberge que je reconnais alors comme un endroit dans lequel j’avais dormi avec mes frères et mes parents quand j’avais treize ans !  Incroyable ! Que de souvenirs d’enfance qui remontent. Je me souviens de ces hommes du désert tout enturbannés, assis en rond, fumant du kif et jouant de la musique jusque tard dans la nuit avec nous. C’était magique !

Le fesh-fesh après met tout le monde à l’épreuve, surtout ceux qui n’ont pas l’habitude de ces zones de sable extrêmement mou. On aide notre copain Vahan qui peine avec sa Dominator. Il est pas mal tombé et sa moto est toute abimée, scotchée et rafistolée tant bien que mal. Son moteur est plein de sable, le filtre en vomi littéralement. Elle ne marche quasiment plus. Il a mal à la jambe et on se rendra compte le soir qu’elle est clairement cassée au niveau du péroné ! Le gars a souffert en silence et a terminé l’étape sur sa moto !

Folie ou courage ?

Une bonne dose des deux je crois !

Pour terminer notre voyage en beauté, Pep a organisé avec l’aide de Jordi Arcarons, légende des « Dakar » de l’époque et team manager chez Yamaha, une belle sortie dans les hautes dunes du Sahara. La sensation est inégalable et bien entendu requiers un certain niveau de pilotage et si possible une moto puissante et légère.

Autant dire que le voyage n’est pas le même pour le débutant en twin trop lourd et peu agile que pour l’expert en XR400 !!!

On y croise quelques spécimens de dromadaires. Des animaux un peu farouches mais pas agressifs du tout, qui me semblent sortis tout droit d’un film de « Star-Wars ».

La conduite dans le sable et les dunes est vraiment épuisante. Quand la moto roule et qu’on garde une certaine vélocité, tout va bien mais gare à la chute ! Lorsqu’il faut déplacer, relever ces lourdes machines et parfois beaucoup kicker pour les démarrer, l’énergie file très vite ! La surchauffe guette le pilote malchanceux ! On s’essouffle beaucoup plus rapidement que d’habitude, un peu comme un alpiniste à 5000 mètres luttant avec ses crampons et son piolet !

La dextérité et la stratégie sont donc de mise.

Ce voyage restera différent des autres car le nombre de participants a augmenté drastiquement, pour atteindre quasiment le maximum de la capacité d’accueil de l’organisation. Loin d’être un point négatif comme on pourrait l’imaginer, le fait de rouler et de vivre avec 120 pilotes toute une semaine à dégagé un véritable esprit de camaraderie, de savoir-vivre et de bienveillance. L’entraide, les rires et la bonne humeur sont les mots clefs de cette aventure ensablée, sportive et engagée ! Mais une fois qu’on y a gouté, on en redemande.

Pep ouvre de nouvelles routes, explore de nouveaux horizons et proposera très bientôt une autre variante du raid mais en Tunisie cette fois.

Infos :

Instagram : @sandraiders

Web : https://sandraiders.com/en/sandraiders-a-life-changing-adventure/


Sandraiders 2023

Once again, I headed off to explore the Moroccan trails with a bunch of friends, some of whom I’d met on previous editions, others from the motorcycle scene in Europe. All driven by the same passion, full of energy and goodwill.

There’s Yannick, the former Red Bull mountain bike champion, Julien, “the American”, Stephan, the experienced rider, XR and off-road enthusiast, Julien the 4X4 mechanic, Vianney the sharp guy, Jean the poet, Vahan the hyper-solid rugby player and Matéo, the eternal teenager.

It’s a small band within the big band of 120 drivers who will set off from Marrakech towards Erfoud, in 7 long stages, on the morning of May 29, 2023.

For those who don’t know, the Sandraiders is a “Dakar Revival” raid from the legendary Thierry Sabine years. We’re right back in the 80s.

Outfits, bikes, spirit. For a whole week, we recreate a real African raid of the era, using only period-correct motorcycles. From the XR 600 to the XLM, from the famous Dominator to the Suzuki DRZ. It’s clear that, year after year, the participants are getting more and more into the game, and the paddock is filled with ever more superbly prepared machines.

The organization, Soloraids, headed by Pep Segura, a former Catalan rally driver, takes care of logistics, safety and the route, to offer a truly immersive rally-raid experience.

He and his determined team collect everyone’s bikes in Europe a few weeks before the start. They then manage the long drive to the departure point and the arduous customs formalities. All the customer has to do is take a flight without luggage, and pick up his bike and trunk of equipment upon arrival at the hotel.

Hotels are of course included in the overall package. These are large establishments that can accommodate the huge team and numerous vehicles. What you miss is the charm of the small, family-run accommodations, often very old, traditional and truly authentic. But the 120 drivers plus the 30 or so staff members require a serious welcome capacity. In addition to the 120 bikes, there must be room for two buggies, the assistance 4X4s, the doctors’ 4X4s, a heavyduty truck and the two enormous raid assistance trucks, scarlet red and mounted on huge wheels.

One of these is destined to be transformed into a mechanical garage at the end of the stage in the evening. The two sides of the trailer can be opened to create a mobile, temporary mechanical repair shop. The generator provides the energy needed to power the soldering station, lights and other electrical tools.

Mechanical maintenance is an important part of the trip. At the end of each stage, the rider has to take care of his bike, checking the essentials such as cleaning the air filter and topping up the engine oil, but also dealing with any more serious problems that may arise.

To this end, a proper team of mechanics is on hand to help those who have detected the most serious problems. The whole crew is led by Pelut, a colorful character who is an avid mountain climber and Dakar mechanic. I invite you to follow his adventures on Instagram: @pelutwall

Always determined, they can completely dismantle a big Africa-Twin and put it back into working order, working tirelessly until late into the night, so that the rider can hit the trails again the next day. We can really pay them tribute, because the crew was soon completely overwhelmed. From the very first day, the old machines suffer on the chaotic tracks, and the list of various repairs grows exponentially.

The first day consists of a long stage between Marrakech and Taroudant, through the Atlas Mountain range with its magnificent arid landscapes, vertiginous roads and isolated villages. We stop with my friend Julien “The American” to relax a bit and cool down the machines, in a small village in the middle of nowhere, built of red mud bricks. Here we meet a happy bunch of kids just out of school. They climb on the bikes and try on helmets and goggles. They don’t speak French, so communication is limited, but we have a great time with them. Our buddies join us, and it’s time to say goodbye, with Stephan giving the kids a beautiful wheelie to say farewell!

They’re over the moon!

The next day, it’s back to the mountains and their rocky, dusty roads. The points of view are all more incredible than the last. I want to stop every two minutes to take a photograph. But I have to keep up the rhythm if I want to get there before dark!

There are several ways to proceed on this adventure. Some groups leave early and arrive early at the hotel. We leave first and arrive last, making the most of the trails, the pretty roadside cafés, the inevitable mint tea, grilled mutton chops and succulent tagines. I also take the time to shoot the other participants in action, snap portraits, chat with each other… lend a hand if necessary.

As we pass a large concrete structure, Red Bull mountain bike legend Yannick Granieri can’t help but want to jump over it. A challenge immediately taken up by Stephan, an accomplished off-road rider and excellent triallist. The result is an impromptu photo session and some perfectly mastered stunts. Off we go again.

We start to descend on the other side of the Atlas range and the temperature immediately rises as we reduce altitude. We were fine up there, and from now on we’ll be continuing our journey in temperatures of at least 40°C.

Improvised gas station stop. Over there, there are few or no stations built, so some locals take care of the supply on the outskirts of a village. The price depends on supply, but we have no choice if we want to reach Tissint and the Berber tent bivouac that awaits us.

The next morning passes smoothly over a flat, monotonous landscape of small pebbles and sandy red earth. You have to keep a sharp mind though, as dangerous traps are scattered everywhere. A large stone here, a deep, thick break there, a nonchalant herd of camels, a vehicle going the wrong way… In short, a maximum of things to avoid if you want to finish and come back in good health!

At the end of the morning, we find ourselves in a sudden sandstorm. Violent winds move tons and tons of sand, scouring the face, seeping everywhere and drying out the lips.

Things get complicated pretty quickly. The route is less easy to follow, the traps better hidden. The group has to stick together and watch out for each other. The first glimpses of Saharan sand begin to appear. Before long, it’s all sand in different forms. Rigid, very soft, in the air and on the ground. If you want to avoid unpleasant surprises, it’s up to the driver to find his bearings and understand the terrain correctly.

And yet another impromptu gas station stop for a comforting arrival at the bivouac.

After a good night’s sleep and a hearty breakfast, our little team is ready for a great day of sport under a blazing sun. We throw the bags into the trucks, hit the kick or the electric starter for the clever ones, and off we go!

There’s little shade here, and not much coolness. That’s why you need to keep as hydrated as possible and pay attention to the little details that make all the difference.

Last week, a rider from northern Europe passed away on Lake Iriki as a result of dehydration, alone in the shade of his motorcycle during a race.

The news left an indelible impression, and members of the organization spoke to us about it during the morning briefing. One key word: ” Stay hydrated!”

I must gulp down between 5 and 6 liters of water every day. I don’t take off my helmet much, to keep my sweat as moist as possible, I put myself in the shade as much as possible when I stop and avoid gesticulating too much. But I still have to take photos!

We take a lunch break in a place I’ve already visited a bunch of times. It’s a small restaurant planted in the middle of a frankly unwelcoming area of sand and scorching sun all year round. The interior is very dark, with only tiny windows letting in a little light. It’s extremely hot, but we’re protected from the sun’s biting rays. Some of us are resting outside on the covered terrace. Faces are marked by fatigue and heat.

After a good meal, served very hot, we have to get going again!

And bravely, we climb back on our machines.

The hotel pool awaits us with open arms! With relish, we plunge our tired bodies into it, then get back on our bikes in search of a welding shop for Julien’s machine, which needs a little love. In the village, we meet a merry band of kids who try out our bikes, much to their delight!

The fifth stage takes us out of the sand and back onto stonier terrain. We feel as if we’re riding in a world without form or end. The sky is still yellow from the sandstorm. You can’t really see the boundary between heaven and earth. As always, the temperature remains very high. I ride a lot on my own that day, following my Tripy, a sort of electronic roadbook. I stop from time to time to take pictures, trying to capture this landscape where everything seems so far away, so gigantic.

Day 06 is the marathon stage. Pep, the organizer, proposes two variants. A 250 km stage and a 380 km stage. Naturally, we take the second option! We didn’t come here to take it easy! Besides, a stage of the old “Paris-Dakar” is not to be refused!

From the very first kilometers, we got lost and found ourselves split into two groups. The dust is so thick you can’t see 3 metres! And the two at the front are fast, hard-working riders. Once separated, it’s too late! It’s time to move on. Don’t worry, though, as the bikes are all fitted with geolocation beacons, enabling the organizers to locate us at all times. A button also allows the rider to call doctors or mechanics as needed (by signal only - no verbal communication possible).

The mountain curves here are superb. The canyons are grandiose. It’s a good thing we set off at dawn to take advantage of this magical light and relative coolness.

Around midday, we arrive on a large, windswept plateau. The famous Lake Iriki. A vast space covering several hundred square kilometers. Hostile and magnificent.

We stop to take photos on a ridge with Yannick and the two Juliens. The spot is unbelievable. Here again, the sensation of riding on another planet assails me. I’m on Mars!

As we set off again, a serious sandstorm hit our little group. It’s been a while since we’ve seen anyone. We have lunch at an auberge that I recognize as a place where I slept with my brothers and parents when I was thirteen!  Amazing! So many childhood memories come flooding back. I remember these desert men all turbaned up, sitting in a circle, smoking kif and playing music late into the night with us. It was magical!

The fesh-fesh afterwards puts everyone to the test, especially those who aren’t used to these extremely soft sandy areas. We help our friend Vahan who’s struggling with his Dominator. He’s had quite a few falls and his bike is all battered, taped up and patched up as best he can. His engine is full of sand, and the filter is literally puking. It hardly works anymore. His leg hurts, and we’ll find out in the evening that it’s clearly broken at the fibula! The guy suffered in silence and finished the stage on his bike!

Madness or courage?

A good dose of both, I think!

To round off our trip in style, Pep organized, with the help of Jordi Arcarons, a “Dakar” legend at the time and Yamaha team member, a beautiful ride in the high dunes of the Sahara. The sensation is unequalled, and of course requires a certain level of riding ability and, if possible, a light, powerful motorcycle.

In other words, the trip isn’t the same for the beginner on a heavy, nimble twin as it is for an expert on a XR400!

We come across a few specimens of dromedary. They’re a little shy, but not aggressive at all, and seem to me to have come straight out of a Star Wars film.

Driving through the sand and dunes is really exhausting. When the bike’s moving and you’re keeping a certain speed, everything’s fine, but watch out if you fall! When you have to move and lift these heavy machines, and sometimes kick them hard to start them up, the energy drains very quickly! Overheating sets in! You run out of breath much more quickly than usual, a bit like a mountaineer at 5000 metres struggling with crampons and pick!

It’s all about dexterity and strategy!

This trip was different from all the others in that the number of participants increased drastically, reaching almost the organization’s maximum capacity. Far from being a negative point as one might imagine, the fact of riding and living with 120 riders for a whole week gave rise to a real spirit of camaraderie, good manners and goodwill. Mutual aid, laughter and good humor are the key words of this sandy, sporting and committed adventure! But once you’ve had a taste, you’ll want more.

Pep is opening up new roads, exploring new horizons, and will soon be offering another variant of the raid, this time in Tunisia.

Infos :

Instagram : @sandraiders

Web : https://sandraiders.com/en/sandraiders-a-life-changing-adventure/


INDONESIA

« L’échappée d’Île en Île »

Un voyage à moto en Indonésie, par Mono500

Bienvenue en Indonésie !

Parmi tous les pays que j’ai eu la chance de visiter et de parcourir à moto,
l’Indonésie est sans doute celui où l’accueil est le plus chaleureux. Personne
ici ne semble jamais de mauvaise humeur, et le large sourire qu’arbore chacun
est contagieux. Je roule, béat, sur ma petite Honda 150cc, absorbé par ce
moment unique. C’est clairement ce souvenir que je garderai à jamais : des
heures heureuses à explorer des routes sinueuses longeant des rizières en
terrasses ou les côtes sauvages de la mer de Bali. L’humour et la décontraction
des habitants vous mettent immédiatement à l’aise, dans une atmosphère de
sérénité et de sécurité. Un état d’esprit qui, soit dit en passant, donnerait
matière à réflexion à certains occidentaux encore prisonniers de leur complexe
de supériorité.

Ici, les motos sont presque exclusivement de petites cylindrées.
Le gouvernement impose en effet de lourdes taxes sur les grosses motorisations.
Résultat : on roule sur des 125, 150 ou 250 cm³. Dubitatif au début, je réalise
vite que ces engins sont parfaitement adaptés au terrain de jeu qui s’offre à
nous. Le moteur peine un peu sur les montées raides à flanc de volcans, mais
dans l’ensemble, c’est un régal.

Sur Bali, et plus particulièrement dans la grande ville du sud, le
trafic est infernal. Le nombre incalculable de scooters et petites motos est
impressionnant. On se félicite alors de pouvoir se faufiler en douceur. Ici,
tout le monde roule à deux roues : les familles chargées de nourrissons, de
victuailles et d’enfants, les jolies touristes en tenue légère qui filent d’un
brunch healthy à un cours de yoga, ou encore les Australiens bodybuildés qui
courent pousser de la fonte. Même les ouvriers transportent des tuyaux immenses
sur leur petite brêle. Un joyeux désordre où chacun porte son short, ses tongs
et, son t-shirt réglementaire. Attention au crash ! Le port du casque ?
Peu respecté, ce qui offre aux forces de sécurité locales une belle occasion de
récupérer un billet auprès des touristes inconscients. Classique.



Bref, ici on se la coule douce entre surf et smoothies, bières au coucher de
soleil et clubs de plage. Le pays du sport et de la belle vie, instagrammable à
souhait.

Mais l’aventure commence vraiment lorsque je récupère la team de
Mono500. On file aux aurores vers le nord de l’île, échappant instantanément à
la civilisation. Le contraste est saisissant : rizières à perte de vue, paysans
en costumes traditionnels coiffés de chapeaux coniques en feuilles de latanier
qui pataugent dans la boue en poussant leurs motoculteurs. Les hérons garde-boeufs,
ces compagnons de labeur, suivent les hommes pour picorer les vers. Certains
disent qu’ils sont liés à Dewi Sri, la déesse du riz, mais leur présence est en
fait le triste héritage d’une histoire sombre des années 60.

Restons sur de bonnes vibes et continuons le périple. Les petites
routes au bitume impeccable serpentent à travers l’île. Partout, des temples
hindouistes en pierre sombre se dressent à ciel ouvert, finement sculptés et
ornés de dorures. Ici, les divinités vont et viennent, honorées lors des
innombrables cérémonies. Bali s’offre langoureusement aux visiteurs, et pour
nous motards, c’est un terrain de jeu idéal, quel que soit le niveau. Les
couchers de soleil sur les plages de sable noir face à l’océan Indien sont à
voir au moins une fois dans sa vie.

Cap à l’est ! Après quelques heures de ferry, nous débarquons à
Lombok, dans un univers différent. Ici, l’Islam remplace l’hindouisme :
mosquées au lieu de temples, voiles sur les visages féminins. Mais peu importe
les croyances, la gentillesse et l’accueil restent inchangés. L’île est plus
sauvage, épargnée par le tourisme de masse et l’urbanisation galopante. La
route côtière, avec ses lacets surplombant l’eau turquoise, est tout simplement
magique.

Un speedboat rustique mais authentique nous emmène ensuite vers
les « Gili Islands ». Pour une fois, elles sont désertes. On plonge au milieu
de coraux éclatants et de tortues marines majestueuses. L’impression de nager
dans un aquarium.

De retour sur un ferry pour continuer l’aventure, je fuis la
cabine glaciale où le dernier Alien hurle à plein volume. En quête de calme, je me
retrouve dans le poste de pilotage à savourer une mangue avec le capitaine et
son équipage, qui me laissent même prendre la barre pour la photo !

Nous débarquons ensuite à Sumbawa, une île agricole et sauvage.
Rouler ici est magique : des jungles d’arbres gigantesques, des lianes et des
routes bordées de petits singes nerveux dès qu’on ose croiser leur regard. Les
vagues hypnotiques du chant des insectes résonnent comme un opéra naturel.
Incroyable.

Pour finir, nous prenons à nouveau un speedboat au petit matin
pour une plongée hors du commun. Après une heure et demie à naviguer sur une
mer d’huile, nous rejoignons un bateau de pêcheur qui rejette du krill à l’eau.
Quelques instants plus tard, les seigneurs des lieux arrivent : trois
requins-baleines tournent autour de nous. Une danse majestueuse et silencieuse
que je ne suis pas près d’oublier. Là, au milieu de l’océan Indien, loin de
toute terre, ces géants glissent autour de nous avec une élégance rare avant de
s’enfoncer dans les profondeurs sombres.

Notre périple devait nous mener jusqu’au parc national de Komodo,
mais le volcan Lewotobi Laki-Laki en a décidé autrement. En pleine éruption, il
force les autorités à évacuer des milliers de personnes. Promis, nous
reviendrons quand la montagne furieuse sera apaisée, pour enfin saluer ces
fameux dragons préhistoriques.

Ce voyage restera gravé dans ma mémoire : un moment de paix hors
du temps, riche de rencontres, de rires et de découvertes. Mono500 et son boss
Gauthier Deschamps ont le chic pour dégoter les meilleurs spots et réserver des
surprises aux aventuriers, débutants comme confirmés. Comme d’habitude, je
repars avec des centaines d’images sur mon disque dur… et encore plus dans la
tête.

Je vous invite vivement à aller jeter un œil au site : www.mono500.com mais attention, préparez votre passeport !




“The Great Escape, from one island to another”

A Motorcycle Journey Through Indonesia by Mono500

Welcome to Indonesia!

Among all the countries I’ve had the privilege to visit and explore on a motorcycle, Indonesia undoubtedly offers the warmest welcome. Everyone here seems to be in a good mood, wearing a broad smile that is simply contagious. Riding my little Honda 150cc, I’m captivated by this singular moment. This will forever be etched in my memory: joyous hours spent navigating winding roads flanked by terraced rice paddies or the wild shores of the Bali Sea. The humor and easygoing nature of the locals instantly make you feel at ease, surrounded by an atmosphere of serenity and safety—a mindset that might inspire some Westerners still trapped in their superiority complexes.

Motorcycles here are almost exclusively small displacement models. The government imposes heavy taxes on larger engines, so riders stick to 125cc, 150cc, or 250cc bikes. Initially skeptical, I quickly realized these machines are perfectly suited to the playground before us. While the engine struggles on steep volcanic climbs, overall, the experience is pure joy.

On Bali, particularly in the bustling southern city, traffic is chaotic. The sheer number of scooters and small motorcycles is astounding. You’ll be grateful for the ability to gently weave through the madness. Here, everyone rides on two wheels: families loaded with infants, groceries, and kids, stylish tourists in breezy attire darting between yoga classes and healthy brunches, and even muscle-bound Australians on their way to the gym. Laborers haul enormous pipes on tiny bikes. It’s a lively mess where everyone sports shorts, flip-flops, and the standard t-shirt. Beware of collisions! Helmets are rarely worn, giving local authorities a handy excuse to fine careless tourists. Classic.

In short, life here flows easily between surfing and smoothies, sunset beers, and beach clubs. It’s the land of sports and the good life, tailor-made for Instagram.

The real adventure begins when I meet the Mono500 team. At dawn, we ride north, escaping civilization in an instant. The contrast is striking: endless rice paddies, farmers in traditional outfits and conical palm-leaf hats wading through mud as they guide their plows. Egrets follow them, pecking for worms. Some say these birds are linked to Dewi Sri, the goddess of rice, though their presence stems from a darker chapter in history from the 1960s.

Let’s keep the positive vibes and continue the journey. Pristine roads snake through the island. Everywhere, dark stone Hindu temples rise under open skies, intricately carved and adorned with gold. Here, the gods come and go, honored in countless ceremonies. Bali seduces its visitors, and for us motorcyclists, it’s a perfect playground for all skill levels. Sunsets over black sand beaches facing the Indian Ocean are a sight to witness at least once in a lifetime.

Eastward bound! After a few hours on a ferry, we land in Lombok, a different world. Here, Islam replaces Hinduism: mosques instead of temples, veiled women in place of sarong-clad locals. But regardless of beliefs, kindness and hospitality remain constant. The island is wilder, untouched by mass tourism and rampant urbanization. The coastal road, with its twists and turns overlooking turquoise waters, is simply magical.

A rustic yet authentic speedboat then whisks us to the Gili Islands. For once, they’re deserted. Diving among vibrant corals and majestic sea turtles feels like swimming in an aquarium.

Back on a ferry, I escape the freezing cabin where the latest Alien movie blares at full volume. Seeking peace, I join the captain and his crew in the wheelhouse, savoring a mango they share. They even let me take the helm for a photo op!

Next, we arrive in Sumbawa, an agricultural and untamed island. Riding here feels enchanting: jungles with towering trees, vines, and roads lined with skittish monkeys that avoid eye contact. The hypnotic symphony of insect songs echoes like a natural opera. Incredible.

To wrap up, we set out on another early-morning speedboat ride for an extraordinary dive. After an hour and a half on glassy seas, we meet a fishing boat tossing krill into the water. Moments later, the lords of the sea appear: three whale sharks circle us. Their majestic, silent dance is unforgettable. Here, in the middle of the Indian Ocean, far from land, these giants glide gracefully around us before vanishing into the dark depths.

Our journey was supposed to end at Komodo National Park, but the Lewotobi Laki-Laki volcano had other plans. Amidst its eruption, authorities evacuated thousands of people. We promise to return once the fiery mountain calms down to finally greet the famed prehistoric dragons.

This trip will remain etched in my memory: a timeless moment of peace, rich with encounters, laughter, and discoveries. Mono500 and its founder Gauthier Deschamps have a knack for finding the best spots and surprising adventurers, whether beginners or seasoned riders. As always, I leave with hundreds of images stored on my hard drive… and even more in my mind.

I wholeheartedly invite you to check out the website: www.mono500.com, but be warned—have your passport ready!


BALKAN RALLY


  • Text and Photos : David Marvier / Scroll down for English version

Véritable course
d’endurance sur route ouverte parcourant Hongrie, Croatie, Bosnie et Monténégro,
le « Balkan Rally » est un road-trip résolument vintage, traversant
des paysages aussi superbes que méconnus. Une course contre la montre, voyage
dans le temps, épicé d’une touche d’élégance et d’une bonne dose de nostalgie.

Cette aventure est organisée
par GoBeyond.travel, agence de voyage hongroise pilotée par Jano, grand spécialiste
de périples atypiques. Du ski freeride au Japon aux virées à moto dans
l’Himalaya en passant par des surf-trips exotiques, leur expertise est
incontestable, professionnalisme et bonne humeur, leur leitmotiv.

10 septembre 2023

Sur le parking d’un hôtel de Budapest au look résolument soviétique,
s’installe le premier paddock. C’est là que je récupère ma Yam T7, prêt à
suivre les compétiteurs et à capturer au mieux ce voyage de plus de 1300 km. Une
extension, le long de l’Adriatique, rajoute une sixième journée de 400 bornes pour
ceux qui ont le temps de pousser l’aventure.

C’est un véritable rassemblement « youngtimers » 80,
un hommage à la grande époque où l’automobile était encore synonyme de charme
et de caractère. Sur le paddock trônent une Audi Coupée 85, des BMW M3, 635 M6,
320I ou encore cette énigmatique Volvo Turbo ES, au design si singulier. On repère
aussi de vraies classiques, comme cette superbe Austin-Healey
“Frog-Eyes” de 59, rappelant une époque révolue, créative, où l’on se
souciait peu de sécurité, ou encore cette splendide Alfa Bertone 2000 de 75 la
reine des rallyes, cette Spitfire MK1 de 65 dans sa livrée bleu ciel, les immanquables
Porsche, Mustang… Et l’on n’oubliera pas de noter la petite flotte de motos
néo-rétro, fières mais discrètes participantes.

C’est un vrai rallye de régularité : le roadbook est le seul
moyen de navigation autorisé. Les équipages suivent méticuleusement les
indications couchées sur papier, convergent vers des check-points où un membre
de l’orga enregistre les heures de passage et propose une énigme à résoudre
dans les plus brefs délais. Ces lieux, choisis avec soin, sont toujours
positionnés sur des points de vue pittoresques.

Le souci du détail toujours.

Levente, le directeur de course, a imaginé un concours où
chaque équipage prend une photo par check-point, utilisant un « Instax »,
petit appareil polaroïd fourni en début de voyage. Résolument vintage, celui-ci
s’intègre parfaitement à l’esprit de la course. L’idée est de rendre cette
compétition un peu plus interactive, où le coureur raconte lui aussi une
histoire, travaille ses méninges et ne fait pas que conduire en luttant contre
le temps ! Les photos sont collées dans un album remis lors de la
cérémonie d’ouverture. Les images d’endroits inappropriés ou manquantes font
l’objet d’une déduction de points. A contrario, les photos bien réalisées en offrent.

Afin d’éviter les retards tactiques, les 20 derniers
kilomètres d’étape sont limités à 1 arrêt de 5 min max et la vitesse moyenne ne
doit pas être inférieure à 20 km/h.

Toute infraction entraîne évidemment une baisse de capital.

Le rallye se révèle être un concours complexe où les résultats
sont calculés sur les temps de parcours quotidiens, le respect de l’itinéraire,
la résolution des énigmes et la créativité des défis photographiques.

Au départ, chaque équipage est doté d’un capital de 1000
points.

Chaque soir, on récupère l’itinéraire du lendemain, avec
temps idéal de parcours et position des check-points à ne pas manquer !

En cas de galère, un numéro spécial est fourni pour une aide
en ligne, au tarif de -25 points.

Tout écart, dans quelque sens que ce soit, par rapport à
l’heure d’arrivée idéale entraîne une déduction de 1 point par minute.

Tout écart par rapport à l’itinéraire idéal entraîne une
déduction de 1 point par kilomètre entre l’heure d’arrivée et l’heure de
départ.

Si l’écart est supérieur à 1 heure ou 100 kilomètres, la
perte maximale est de 100 points.

Les autos et motos sont équipées de balises, permettant leur
géolocalisation et un contrôle pointu de leur trajet.

Première soirée étape en Hongrie, dans un bel hôtel de la
bourgade de Keszthely, assoupie sur les rives du lac Balaton, le plus vaste
d’Europe centrale. Aussi vaste qu’une mer, y paradent quelques cygnes, y tentent
leur chance quelques pêcheurs.

Traversée de la frontière croate, découverte d’une campagne
impeccable, tirée au cordeau. On atteint rapidement la République Serbe de
Bosnie-Herzégovine, direction Banja Luka. Cette fois je roule un peu plus avec
les motos… que je perds très vite. Je m’arrête, shoote, profite de la vue, des
grandes forêts, des petits villages assoupis qui se ressemblent un peu tous,
héritage tristoune du communisme soviétique.

Le soleil est accablant. Je me félicite d’avoir pensé à mon fidèle
Camel Bak que je sirote allégrement, luttant contre la déshydratation qui
guette.

Sarajevo.

Pour ceux nés avant 1985, ce nom est inhérent au souvenir
des atrocités d’une guerre fratricide entre Serbes et Bosniaques. La ville,
tout en longueur, encaissée, est incroyable. Elle porte encore des stigmates du
conflit. L’architecture multiculturelle est très éclectique, entre période
Austro-Hongroise à période royaliste Yougoslave en passant par l’affreuse reconstruction
d’après-guerre. Entre mosquées et églises, d’immenses barres d’immeubles
défraichies s’alignent. Tout ce melting-pot improbable me donne envie de m’arrêter
et de flâner le nez en l’air dans les ruelles.

Je me promets d’y revenir.

Le lendemain, nous longeons un long canyon au fond duquel serpente
paisiblement la rivière Vrbas. C’est impressionnant, sauvage et montagneux.  

Visite de l’église brutaliste Saint Elijah à Kiseljak. La
Bosnie correspond assez bien à ce à quoi je m’attendais : rurale, parsemée de
petits villages et ponctuée de bâtiments post-communistes, caractérisés par l’utilisation
intensive de béton et de métal.

Déjeuners pantagruéliques de viande grillée arrosés de bière
fraîche.

Et puis c’est le Monténégro. Et là, c’est la découverte d’un
splendide petit pays, qui semble créé pour le road-trip parfait. Nous y pénétrons
par un poste frontière isolé au nord pour ensuite traverser le parc national du
Durmitor. De grandes falaises karstiques, taillées par la main de géants,
culminent à 2500m d’altitude. Un paysage à couper le souffle vraiment, dans un
site classé patrimoine mondial de l’UNESCO. De petites fermettes jalonnent la
route minuscule qui zigzague sur un plateau bosselé. Des bottes de pailles en
forme de poire s’alignent, de vieux break de fabrication russe rouillent
paisiblement et ces montagnes superbes, quelques cabanes… c’est vraiment de
toute beauté, bucolique à souhait.

Avec Sarajevo sera sans doute le moment le plus marquant du
voyage.

Puis vint la dernière étape, Kolasin - Kotor, qui se termine
dans un hôtel fort luxueux en bord de marina, sur l’Adriatique, d’un bleu
profond, calme et majestueuse.

Le coucher de soleil est fidèle à lui-même. C’est l’heure
d’un bon cocktail, d’un dîner aux chandelles et de la remise des prix avec feux
d’artifice. L’équipage de la Mercedes 230SL 1964 remporte le rallye haut la
main. Suivi par le prix « Perfect gear » et « Fair play
award ».

Le lendemain, nous profitons de l’extra-étape en bord de mer
au sud de la Croatie. La compétition est terminée. L’heure est à l’enchainement
des courbes dans un décor de carte postale.

L’année prochaine, le « Balkan Rally » changera
d’itinéraire et traversera la Hongrie puis les montagnes de Serbie pour
terminer de nouveau au Monténégro.

Le départ est fixé du 07 au 14 septembre 2024. A vos
agendas !

Je vous y attends !

(Infos : greatbalkanrally.com)


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« Balkan Rally »

As a true endurance race on open roads through
Hungary, Croatia, Bosnia and Montenegro, the “Balkan Rally” is a
resolutely vintage road-trip through landscapes as superb as they are
little-known. A race against the clock, a journey through time, spiced up with
a touch of elegance and a healthy dose of nostalgia.

This adventure is organized by GoBeyond.travel,
a Hungarian traveling agency headed by Jano, a specialist in atypical journeys.
From freeride skiing in Japan to motorcycle tours in the Himalayas and exotic
surf-trips, their expertise is unquestionable, and their professionalism and
good humor their leitmotiv.

September 10th 2023

The first paddock is set up in the parking lot
of a resolutely Soviet-looking Budapest hotel. This is where I pick up my Yam
T7, ready to follow the competitors and capture the best of this 1300 km
journey. An extension, along the Adriatic, adds a sixth day of 400 km for those
who have time to push the adventure.

When it comes to cars, it’s a real
“youngtimers” 80s gathering, a tribute to the great era when the
automobile was still synonymous with charm and character. The paddock features
an Audi Coupe 85, BMW M3s, 635 M6s and the enigmatic Volvo Turbo ES with its
distinctive design. There are also some real classics, such as this superb
Austin-Healey “Frog-Eyes” from ‘59, reminiscent of a bygone, creative
era when safety was of little concern, or this splendid Alfa Bertone 2000 from
‘75, the queen of rallies, the inevitable Porsches, Mustang…

The motorcycle line-up is less vintage and more
neo-retro.

I immediately notice a splendid MV Augusta
SuperVeloce S parked beside a real old lady : a classic BMW R90 from 1974, but
also a Bonneville T120 and of course this splendid Harley-Davidson Softail
Deluxe from 2008…

An eclectic parking lot just the way I like it!

It’s a true regularity rally: the roadbook is
the only authorized means of navigation. The crews meticulously follow the
instructions on paper, converging on checkpoints where a member of the staff
records the times they have passed and suggests a riddle to be solved as
quickly as possible. These carefully chosen locations are always positioned on
picturesque vantage points.

Attention to detail.

Race director Levente has imagined a
competition in which each crew takes a photo at each checkpoint, using an
“Instax”, a small Polaroid camera supplied at the start of the trip.
Resolutely vintage, it fits in perfectly with the spirit of the race. The idea
is to make this competition a little more interactive, where the runner also
tells a story, works his brain and doesn’t just drive and fight time! The
photos are collated in an album and handed over at the opening ceremony.
Inappropriate or missing images are deducted points. On the other hand,
well-executed photos earn points.

To avoid tactical delays, the last 20 km of
each stage is limited to 1 stop of 5 min max, and the average speed must not be
less than 20 km/h.

Any infringement of this rule will, of course,
result in a capital loss.

The rally turns out to be a complex competition
in which results are calculated on daily journey times, respect for the
itinerary, solving riddles and creativity in photographic challenges.

At the start, each crew is awarded a capital of
1,000 points.

Each evening, the itinerary for the following
day is provided, with the ideal journey time and the position of checkpoints
not to be missed!

In case of difficulty, a special number is
provided for online help, at a cost of -25 points.

Any deviation in any direction from the ideal
arrival time results in a deduction of 1 point per minute.

Any deviation from the ideal route results in a
deduction of 1 point per kilometer between the arrival time and the departure
time.

If the deviation exceeds 1 hour or 100
kilometers, the maximum loss is 100 points.

Cars and motorcycles are fitted with beacons,
enabling them to be geolocated and their routes to be closely monitored.

First night in Hungary, in a beautiful hotel in
the sleepy town of Keszthely, on the shores of Lake Balaton, the largest in
Central Europe. As vast as a sea, a few swans parade here and a few fishermen
try their luck.

Crossing the Croatian border, we discover an
impeccable countryside. We soon reach the Serbian Republic of
Bosnia-Herzegovina, heading for Banja Luka. This time I ride a little more with
the bikes… which I soon lose. I stop, shoot, enjoy the view, the great
forests, the sleepy little villages that all look a bit the same, a sad legacy
of Soviet communism.

How I love this T7 on these winding roads. Fast
and powerful, it’s the ideal weapon for a photographer in action.

The sun is overpowering. I congratulate myself
on having thought of my trusty Camel Bak, which I sip happily, fighting against
the imminent dehydration.

Sarajevo.

For those born before 1985, this name is
inherent in the memory of the atrocities of a fratricidal war between Serbs and
Bosnians. The city, long and steep, is incredible. It still bears the scars of
the conflict. The multicultural architecture is eclectic, ranging from the
Austro-Hungarian to the Yugoslav royalist periods, not to mention the dreadful
post-war reconstruction. Mosques and churches are interspersed with huge,
dilapidated blocks of flats. All this improbable melting pot makes me want to
stop and stroll through the narrow streets with my nose in the air.

I promise myself I’ll be back.

The next day, we drive along a long canyon at
the bottom of which the Vrbas River meanders peacefully. It’s impressive, wild
and mountainous. 

Visit to the Brutalist church of Saint Elijah
in Kiseljak. Bosnia is pretty much what I expected: rural, dotted with small
villages and dotted with post-communist buildings, characterized by the
intensive use of concrete and metal.

Pantagruelian lunches of grilled meat washed
down with cold beer.

And then it’s Montenegro. And then it’s time to
discover a splendid little country, seemingly created for the perfect
road-trip, especially on a motorcycle. We enter through an isolated border
checkpoint at the northern end of the country, before crossing the Durmitor
National Park. Huge karst cliffs, carved by the hands of giants, rise to an
altitude of 2,500m. A truly breathtaking landscape, in a UNESCO World Heritage
site. Small farmhouses dot the tiny road that zigzags across a bumpy plateau.
Pear-shaped bales of straw line up, old Russian-made station wagons rust away
peacefully and these superb mountains, a few huts… it’s truly beautiful,
bucolic as can be.

With Sarajevo will undoubtedly be the most
memorable moment of the trip.

Then came the final leg, Kolasin - Kotor,
ending in a luxurious marina-side hotel on the deep-blue, calm and majestic
Adriatic.

The sunset is true to itself. Time for
cocktails, a candlelit dinner and the prize-giving ceremony with fireworks. The
1964 Mercedes 230SL wins the rally hands down. Followed by the “Perfect
gear” and “Fair play award”.

My Austrian friend Wolfgang won the motorcycle
prize on his beautiful MV Agusta Superveloce. Can you imagine 6 days of intense
riding on this demanding Italian sports bike? And its style is unmistakable,
with its beautiful combination signed by Spanish designer “El
Solitario”.

The next day, we enjoy the extra stage by the
sea in southern Croatia. The competition is over. Now it’s time for a
succession of curves in a picture-postcard setting.

Next year, the “Balkan Rally” will
change its route, crossing Hungary and then the mountains of Serbia, to finish
once again in Montenegro.

Departure is set for September 07 to 14, 2024.
Mark your calendars!

I look forward to seeing you there!

(Info: greatbalkanrally.com)

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